L'espace culturel Plaza de la Concha de l'Institution Thérésienne à Cordoue (Espagne) a proposé deux réunions sur la démarche synodale, en ligne et en mode présentiel.

Consuelo Vélez, théologienne, membre de l'Institution Thérésienne de Colombie, professeur à l'Université Javeriana de Bogotá, et Amelia Sanchís, professeur de droit ecclésiastique de l'État à l'Université de Cordoue et experte en études sur le genre, ont proposé leurs réflexions, qui ont nourri l'échange qui a suivi. Mª Luz Ortega, membre ACIT, a assuré le rôle de modératrice.apertura concilio vat2

Place Saint-Pierre, ouverture du Concile Vatican II

La synodalité aux origines

Lors de la première réunion, fin janvier, Mme Vélez a abordé le thème des fondements théologiques de la synodalité, en faisant brièvement allusion aux racines bibliques et patristiques. Au début, l'organisation de l’Église était circulaire et inclusive, y compris pour les femmes. Saint Cyprien, au IIIe siècle, affirmait que dans ce qui concerne tout le monde, tous doivent être impliqués dans la décision. Au concile Vatican II, cet aspect de l’identité de l'Église a été récupéré et le modèle du peuple de Dieu est apparu, que le pape François reprend en convoquant ce nouveau Synode. Consuelo Vélez a souligné l'importance de se tourner vers le passé et de redécouvrir les principes libérateurs de l'Église afin de les vivre aujourd'hui.

Comme fondements théologiques de la synodalité, elle a noté :

  • Une Église qui a son origine dans la Trinité, qui est communauté et communion. Retrouver ce fondement trinitaire, c'est mettre en lumière le dynamisme de l'Esprit, qui est de marcher, de prendre des risques, d'accueillir ce qui est nouveau...
  • L'Eglise, peuple de Dieu, marchant en communion ; elle est constituée de laïcs et de clercs, et le sacrement fondamental est le baptême. Cela implique de resituer la hiérarchie et de ne pas la considérer comme détentrice du pouvoir. Le sens de la foi réside dans l'ensemble du peuple de Dieu. Tous assis à la même table, avec des charismes différents. D'où l'insistance sur la nécessité de rompre avec le cléricalisme.
  • Une Église en sortie, en dialogue aussi avec ceux qui sont à l'extérieur, avec le moment présent, sans craindre d'utiliser le langage de notre monde.

Madame Vélez a rappelé certaines des caractéristiques proposées dans le document préparatoire du Synode. Elle a déclaré qu'il peut y avoir des doutes quant à l'efficacité d'un changement proposé du haut vers le bas, soulignant que, au-delà de ce qui sera envoyé au Synode, le chemin fait par chaque église locale est déjà important, comme le souligne le pape. Il est aussi important d'éviter les dangers de l'intellectualisme, du formalisme et de l'immobilisme. « C'est l'occasion de raviver l'espérance que l'Église ressemble davantage à l'Église de Jésus », a conclu Consuelo, avant de passer à l'échange avec la salle, où ont été abordés le besoin de formation des laïcs et l'identification de canaux de participation inclusifs.

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Une chance pour l'égalité

Le 19 février, le Dr Amelia Sanchís a abordé le thème des répercussions de la démarche synodale sur les questions de genre. Elle a commencé par affirmer que si des termes tels que « féminisme » ou « genre » mettent l'Église mal à l'aise, la possibilité de construire et d'incorporer la contribution des femmes qui, dans la société actuelle, sont des citoyennes avec des droits et des devoirs, est amoindrie. Elle a fait allusion au fait que, dans l'appel du pape à rompre avec le cléricalisme, la synodalité est une manière de rééquilibrer le binôme ministères-communauté, avec une dynamique circulaire ad intra et un appel à construire des ponts ad extra. Tout au long de l'histoire, les femmes ont su tisser des réseaux, avec des résultats efficaces.

Après l'introduction, Mme Sanchís a donné un aperçu historique, dans le but de savoir ce que les femmes peuvent apporter à la synodalité. Elle a souligné comment, outre l'inégalité entre les hommes et les femmes, le fait que, à partir du IVe siècle, la primauté des ministères ordonnés réservés aux hommes s'est accrue, laissant les femmes à l'écart du pouvoir. Dès le début du XXe siècle, les femmes ont pris la tête de nombreux mouvements qui revendiquaient la place des laïcs dans l’Église. Pie XII et Jean XXIII ont fait quelques pas en avant vers l'égalité des hommes et des femmes, jusqu'au Concile Vatican II, où l'on trouve des affirmations d'égalité radicale, qui ne sont pas toujours reflétées dans les documents. Bien que le Code du Droit Canon de 1983 ait constitué un changement important par rapport au précédent, l'égalité des droits n'y est toujours pas envisagée.

sesion apertura sinodoMme Sanchís a suggéré, avec humour, de pratiquer « la règle de l'inversion » : Que diraient les hommes s'ils étaient traités comme les femmes l'ont été ? Dans l'écoute qui est proposée dans l’étape de préparation du Synode, il conviendrait d'aider les hommes à se mettre à la place des femmes.

Elle a ensuite apporté quelques données sur la participation des femmes à la démarche synodale dans laquelle, pour la première fois, une femme aura une voix, puisque la religieuse française Nathalie Becquart a été nommée sous-secrétaire du Synode des évêques, un nouveau pas du pape François sur la voie de l'incorporation des femmes aux postes de responsabilité dans l'Église. Dans les commissions du Synode, la proportion est encore inégale, sauf dans celle de la méthodologie.

Elle a poursuivi en suggérant de ne pas perdre de vue la réflexion qui a lieu dans différents pays sur ce que les femmes veulent faire au sein de l'Église et sur les mesures à prendre. Elle a cité la Conférence des supérieures majeures, l'Association des théologiennes espagnoles et la Révolte des femmes dans l'Eglise comme des instances qui sont sur cette voie. Avant de passer au dialogue avec la salle, elle a proposé un test de coresponsabilité et de genre avec plusieurs items qui permettent de prendre conscience de la participation ou non des femmes à la démarche synodale au niveau local.

À la fin du débat, une aspiration est restée dans les esprits : les droits ; et une espérance : la synodalité peut ouvrir de nouvelles fenêtres.

 

Estrella Sendra, Córdoba.
Équipe de traduction de l'IT.

 

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